Propriétaire en indivision, vos pouvoirs de gestion
Publié le 17 octobre 2024
L’indivision est une situation juridique qui se présente fréquemment, en particulier lors d’une succession ou de l’achat d’un bien immobilier en commun.
Être propriétaire en indivision implique des droits, mais aussi des devoirs spécifiques. Il est crucial de bien comprendre cette situation pour en tirer le meilleur parti et éviter les conflits.
Qu’est-ce que la propriété en indivision ?
Être propriétaire en indivision signifie détenir un bien en commun avec d’autres personnes, sans qu’aucune puisse prétendre à une part physique déterminée du bien.
Autrement dit, chaque indivisaire est copropriétaire de l’ensemble du bien à hauteur de sa quote-part, mais cette part n’est pas matérialisée par une partie distincte du bien (par exemple, des pièces spécifiques).
Dans le cas d’un bien immobilier, chaque copropriétaire détient une fraction abstraite du bien, qu’il s’agisse d’un appartement, d’une maison ou d’un terrain.
L’indivision peut résulter de plusieurs cas de figure :
• Une succession
• Un achat en commun
• Une donation
• Un PACS ou une situation de concubinage
• Un divorce
La législation française régissant l’indivision est principalement basée sur les articles 815 à 815-18 du Code civil.
Les avantages de l’achat en indivision
L’indivision présente plusieurs avantages pour les copropriétaires.
D’une part, elle permet de faciliter l’acquisition de biens immobiliers. Par exemple, lorsqu’une personne n’a pas les ressources suffisantes pour acquérir un bien immobilier, elle peut s’associer avec d’autres personnes pour former une indivision et réaliser l’achat.
En outre, la mutualisation des ressources rend accessibles des biens de plus grande valeur ou mieux situés géographiquement.
D’autre part, l’indivision permet aux copropriétaires de bénéficier collectivement des fruits du bien indivis. Ainsi, si le bien est loué, les revenus locatifs sont répartis entre les indivisaires, au prorata de leurs parts respectives.
Cela peut représenter une source de revenus stable et régulière, sans nécessiter un investissement initial trop important de la part de chaque indivisaire. La gestion des charges et des travaux est partagée entre les copropriétaires, allégeant ainsi leur poids financier pour les propriétaires.
Enfin, l’indivision permet aux copropriétaires de conserver un bien familial plutôt que de le vendre. Ils préservent ainsi un patrimoine commun, tout en offrant aux indivisaires la possibilité d’utiliser le bien ou de le mettre en location.
Les inconvénients et risques d’être propriétaire en indivision
Malgré ses nombreux avantages, l’indivision comporte aussi des inconvénients et des risques à ne pas négliger.
Le principal inconvénient réside dans la prise de décisions. En effet, la gestion d’un bien en indivision nécessite, en principe, l’unanimité des indivisaires pour les actes les plus importants tels que la vente du bien ou la conclusion d’un bail supérieur à trois ans.
Cette exigence peut vite devenir un frein, surtout en cas de désaccord entre les copropriétaires. Un indivisaire opposé à une décision peut ainsi bloquer l’ensemble du processus, ce qui peut conduire à des situations de blocage durables, voire à la dégradation du bien faute d’entretien ou d’accord sur les travaux à réaliser.
De plus, l’indivision expose les copropriétaires à des risques financiers. En cas de dettes liées au bien (par exemple des charges impayées ou des travaux de rénovation), chaque indivisaire est responsable à hauteur de sa part dans l’indivision, mais en cas de défaillance de l’un d’entre eux, les autres indivisaires peuvent être amenés à combler le manque à gagner.
Cela peut entraîner une situation financière difficile pour ceux qui doivent assumer des charges plus élevées que prévu.
L’indivision est aussi une situation potentiellement précaire, car tout indivisaire a le droit de demander à tout moment la sortie de l’indivision. Selon l’article 815 du Code civil, « nul ne peut être contraint de demeurer en indivision ».
Cette règle signifie qu’un indivisaire peut à tout moment forcer la vente du bien indivis, ce qui peut déstabiliser les autres propriétaires, notamment si ces derniers n’ont pas les moyens de racheter sa part.
Quels sont les pouvoirs de gestion d’un propriétaire en indivision ?
Les pouvoirs de gestion d’un propriétaire en indivision sont encadrés par la législation française et varient selon le type d’acte à accomplir.
Les actes de gestion courante comme le paiement des charges ou la réalisation de petites réparations peuvent être effectués par un indivisaire sans qu’il ait besoin de l’accord préalable des autres, pour peu que ces actes soient nécessaires à la conservation du bien.
Toutefois, dès lors que l’on entre dans des décisions plus significatives, les règles deviennent plus strictes.
Les actes d’administration relatifs à l’indivision tels que la conclusion de baux d’habitation ou la réalisation de travaux d’amélioration du bien nécessitent la majorité des deux tiers des droits indivis (article 815-3 du Code civil).
Cela signifie que les indivisaires détenant ensemble au moins deux tiers des droits dans l’indivision peuvent décider de ces actes sans avoir besoin de l’accord des autres propriétaires.
En revanche, les actes de disposition, qui modifient la composition du patrimoine indivis, comme la vente du bien ou la souscription d’un emprunt hypothécaire requièrent l’unanimité des indivisaires.
L’absence d’accord unanime peut conduire à une impasse, obligeant éventuellement les indivisaires à saisir le juge pour trancher les litiges.
Un indivisaire peut également se faire accorder un mandat de gestion par les autres copropriétaires. Ce mandat peut être général ou limité à certains actes, selon les besoins des indivisaires et le degré de confiance entre eux.
Toutefois, un tel mandat reste révocable à tout moment par les autres indivisaires, ce qui peut limiter la marge de manœuvre du mandataire.
Enfin, la loi prévoit une solution pour éviter les situations de blocage : le recours au juge. Si un indivisaire abuse de son droit de véto ou si les autres indivisaires n’arrivent pas à se mettre d’accord, un juge peut être saisi pour autoriser un acte important dans l’intérêt commun ou même pour ordonner la vente du bien en cas de mésentente persistante.
Être propriétaire en indivision implique de nombreux aspects juridiques et financiers qu’il est essentiel de bien comprendre pour une gestion optimale du bien.
Si l’indivision peut offrir des avantages, elle comporte aussi des risques, en particulier en cas de désaccord entre les copropriétaires.
Afin d’éviter les écueils et de tirer pleinement parti des bénéfices de l’indivision, il est fortement recommandé de se rapprocher d’un expert en immobilier qui saura vous conseiller et vous accompagner dans vos démarches.
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